Ne leur en veux pas.

Tu sais, parfois il arrive que les gens te mettent entre parenthèses. Bien sûr, tu ne sais jamais pourquoi. Et à vrai dire, tu t'en rends compte toujours trop tard. C'est au moment où la parenthèse se referme que tu sais. Qu'il y a déjà longtemps.

Ne leur en veux pas.

Tu sais, le rebord de la fenêtre est le meilleur endroit pour rêver. La plume du stylo dessine quelques figures sur la feuille blanche pendant que le regard se perd au vague. A peine assise, les mots viennent des nuages. Et c'est comme ça que. La page est pleine. De mots, de pensées, de dessins. Elle est noircie de tout ce qui est passé devant tes yeux. Extérieur ou intérieur. Les nuages cachent le soleil. Et les ombres se transportent à l'intérieur de la pupille.

Mais ne leur en veux pas.

Simplement, la vie reprend parfois les commandes. Et tu ne ne peux que. Ainsi font, font, font... les petites marionnettes. Encore une fois, les gestes saccadés, la tête vide et les yeux plein d'absence. Tu connais, je le sais bien. Tu gesticules au-dessus d'un théâtre de misère. Il n'y a même pas de rideaux rouges. Et Guignol, ça fait longtemps que tu sais qu'il ne viendra jamais.

Ne leur en veux pas.

Au cirque, les clowns sont les plus tristes. Pendant que Monsieur Loyal entre dans la lumière, les trapézistes voient le monde à l'envers. Et si tu savais comme ils s'en foutent de toi. Assise, là, en-bas. Comme ils s'en foutent de voir ton visage émerveillé. La seule chose qui compte, c'est. Oui. De ne pas chuter.

Ne leur en veux pas.

Je sais bien que c'est toujours plus simple à dire. Ecrire. Je le sais bien. Que les paroles en l'air. Merci bien, tu t'en passerais. Mais je t'en prie. Ne leur en veux pas de ces silences. Tu n'as qu'à aligner les acrobaties. Là-haut, au-dessus d'un filet, on doit être bien. Libre comme l'oisillon qui apprend à voler. Ce n'est plus grave, tu sais. On te rattrapera.

Ne leur en veux pas. Apprends-moi le courage.


"Si la vie était un roman, je me suis dit, c'est ce que je ferais.
C'est ce que je ferais si j'avais du courage.
La vie est roman quand on a du courage."

F. Zeller, Julien Parme.

Souffler une douceur