Mon neveu au bout du fil. Trois mots et encore. Puisque c'est un garçon et qu'il ne peut pas et parler et regarder Pingu à la télé. Je riais à ce propos de ma soeur. Il chantait derrière, je l'entendais. Et je me suis dit que. Dans quatre ans à peine, on allait lui apprendre à chanter La Marseillaise.

Et là... Mais dans quatre ans, j'espère qu'il n'en sera plus question. Se lever pour. On ne l'entend plus que lors des matchs de foot cette chanson ou quand on voit notre Président à un quelconque endroit. Et vu que je ne regarde ni le foot ni le Président. Et bah... Je ne veux pas entendre cette chanson sortit de la bouche d'une petit bout de cinq ans. Leur apprendre comme on leur chante déjà la chanson du Père Noël.

Ma mère m'a annoncé que mon parrain était mort. C'était avant-hier. Et. Je n'ai pas pensé à lui en premier. L'espace d'un instant, c'est mon parrain de coeur que j'ai vu. Mais non, celui-ci n'est que celui qui m'a passée la chaîne en or au cou à mes huit mois. On a enfilé une médaille dessus et hop. N'en parlons plus. J'étais baptisée. Ce parrain-là, je ne l'ai réellement vu que deux fois. Cinq minutes. Alors dix minutes dans une vie... Si j'ai le coeur serré c'est pour mes cousins. Deux d'entre eux allaient être parents dans l'année. Et il ne sera pas là pour eux. Et peut-être bien aussi. Que. Quand même.

[Le 02 Mars]

*

Le ciel se brouille sous la pluie. Les essuis-glaces vrillent les tympans. Vite. Vite. Encore plus vite. Un rideau court sur les épaules. A peine la porte claquée tout s'enfuit. La pièce est silence. Plus aucun souffle ne s'essouffle. Noir. Brouillard.  Tout sera-t-il net. Un jour? Un seul? Les coquelicots fleurissent vers le soleil. Ils s'élèvent haut. Dans le ciel. Les nuages s'éloignent des pétales. Rouges. Peu m'importe le goudron, il n'y a que les plumes et les feuilles. Vertes. Recueillir la chaleur et emmagasiner le jaune. Sous les plumes, il y a cette envie de rire. Chatouiller la nuque pour rire au plus vite. Ecrire les nuages et les hautes herbes. Tapie dans l'humidité, mon coeur sera là. Dans le plus obscur du paysage, il se fondra dans la végétation la plus luxuriante. Plongée en Amazonie. Rêvons. Encore un peu. Que le dernier souvenir revienne réalité. Mais le ciel se brouille sous la pluie, encore une fois. Cette pluie-là, elle naît un beau jour. Et grandit. Grandit. Grandit jusqu'à ce que ça déborde sur la commissure des lèvres, au creux du cou. Et puis, évaporation. Et de nouveaux nuages. On formera de nouvelles silhouettes allongées sous ce bleu. Et rien. Rien ne s'oubliera. Pas même la pluie. Le jour ne viendra plus comme il se doit. A l'Est, on craindra ce qu'on ne connaît plus. Ou trop. Les nuées roses, la nuit qui tombe, les avions ou les tourterelles. Tout viendra. Y compris la pluie.

[Le 24 février]

Souffler une douceur