Tu sais, parfois c'est juste difficile de prendre la vie comme elle vient. De faire face à tout ce qui t'arrive en pleine gueule. Ces éclairs de lucidité qui font du bien. Qui font du mal. Ces éclairs qui paf! Illumination. Foudre. Et tonnerre. T'entendrais le bruit que ça fait à l'intérieur. Tu saurais. N'imagine même pas. Cà résonne dans la moindre veine. Lorsque le sang s'asphyxie. Jusqu'à la prochaine inspiration. Camper les pieds dans le sol. Adopter la bonne position. Concentrée sur la respiration, et faire le vide. Le temps que ça dure. Mais ça fait ranger les événements dans les tiroirs. Cà remonte les murs de briques. Ou au contraire. Y a des tiroirs qu'on ferme à clé. Et puis, la clé, on l'expulse bien loin. Bam... Aussi loin qu'un claquement de doigt d'un génie. Mais parfois, ceux qu'on voudrait oublier. On doit les forcer pour les rouvrir. Parce que. Parce que. Quand tu déménages, tu retournes toujours fouiller dans le grenier. On sait jamais, n'est-ce pas? Alors pourquoi tout ça ce soir? Pourquoi hein? J'ai fini mon cahier. Et un peu moins de trois ans. J'ai fini mon cahier. Et l'âme s'est endurcie à force. Je partagerais pas les longs silences qui sont entrés dans ma vie. Les éclats de voix et les crises de pleurs. Toujours discrètes. Non. Parce que moi, je pleure pas devant les gens. Ils m'ont peut-être trop fait souffrir. Je leur accorderais pas ce droit. Je préfère rire et sourire. Les faire jouer comme je l'entends. Faire bonne figure et sourire lorsqu'ils croient si bien me connaître. Certains, oui. Et peut-être même pas de pluriel. Je sais pour qui je tiens debout. Et grâce à qui, surtout. Je laisse de côté. Tant pis pour moi, peut-être. On m'a prise trop longtemps pour une idiote. Et certains pensent peut-être que je le suis toujours. Ils se trompent. Et tu sais ce qui me fait sourire, ils ne sauront peut-être jamais. Je me trouverais peut-être cruelle à la relecture. Maintenant, je ne me mets à la place de personne. C'est fini pour aujourd'hui. Pour ces mots-là. Ne chercher ni cause ni raison. putain. Penser à moi. Juste à moi. Pour une fois. Je viens de réaliser qu'il y avait une grosse brèche dans mes amitiés. Certainement ces trois mois, seule, de la fin d'année. Sûrement. Employons les bons mots. Pourtant, elles sont toujours là. Je ne les méprise pas. Juste les voir sous un nouvel angle. Regarder les gens évoluer du haut de la Tour Eiffel. Et un peu. Captain, my captain. Profiter du moment présent. Les gens s'engueulent et se réconcilient. Entretemps, je les écoute. Tous. Et si tu savais mon sourire éclatant à l'intérieur. Je crois que. Suis un peu comme le renard dans le Petit Prince. Pour m'apprivoiser complètement, il faut du temps. Mais une fois que. Je suis à l'abri. Bien installée dans un fauteuil rouge. Premier rang au balcon. Pour le spectacle. J'ai fini les pages lignées. Je ressors le carnet coquelicot. En attendant, l'encre s'épuise des livres en attente. Rideau.




"Ce n'était rien.
Et pourtant c'était beaucoup.
Mais c'était n'importe quoi.


C'était sa vie."
La consolante. Anna GAVALDA.

Souffler une douceur