Je te dirais bien tous ces livres sur le rebord du lit. Vu la vitesse à laquelle la pile s'élève, je pourrais bientôt avoir une table de nuit. Le soir, je dors. Il n'y a de force que pour cela. Mon dossier prend vie sur papier. Je n'arrive pas à poser les mots face à l'écran. Il faut dire aussi que je n'arrive plus à rester devant l'écran alors qu'il fait si beau dehors. Alors les petits carreaux se remplissent de lettres et de ratures. Je n'aurais pas fini comme je le voulais. En tout cas, j'aurais déjà bien avancé: la moitié des pages demandées est faite. Sans aucune retouche ni plan très précis. C'est la fête, je vous le dis. Le prochain mois va être un enfer.

Je me lasse de tous ces allers-retours à la librairie. J'en viens parfois à me demander si c'est vraiment ça que je veux faire... Et puis oui. Sauf que ce n'est pas comme ça que je veux le faire. Deux ans, c'est long. J'aurais préféré une formation accélérée en un an! Et je ne sais pas si après, je dis au revoir aux études ou si j'enchaîne sur autre chose. Je devrais peut-être faire de la gestion. Cà ne me ferait pas de mal, surtout si un jour je l'ouvre ma fichue librairie... J'en ai marre. Mais tu sais, c'est ce que tout le monde dit: si t'arrête, c'est fichu. Et je sais que dans mon cas, cette phrase pénible s'avèrera vraie. Et puis, 23 ans et trois diplômes de supérieur, ça le fait plutôt bien...

C'est affreux, depuis quelque temps, je ne tape que "moi, je". J'ai beau me reprendre à l'écrit, je me fais peur.

La fenêtre est ouverte et il y a encore cette odeur qui flotte. Celle de la pluie sur la terre brûlante. Cette odeur d'après orage. J'aurais pu compter les éclairs hier soir en revenant. Je n'ai fait que sursauter, les doigts croisés sur le volant. Et je n'ai pas envie de retourner en cours la semaine prochaine. Pas envie de me lever aux aurores ni de les revoir. J'ignore ce que je ne fais pas correctement pour voir les gens s'en aller sans rien me dire.

En attendant, je pense à la Hollande le week-end prochain et une journée au coeur d'un village gaulois la semaine d'après... Ce sera juin.

Souffler une douceur