Il y a les journées qui ne laissent plus le temps de penser. Le soir venu, résonne encore en tête les WB. Pardon? WB? Mais ça veut dire quoi? Allez, devine, je suis sûre que tu connais... Ah! Le Work Book! Euh... Cà dépend, lequel? Parce que vous en avez plusieurs? Des tas! Celui-ci, celui-ci ou celui-là? Euh... Appelle ta fille, ton fils. Ils ne nous seront d'aucune utilité. C'est quoi le nom de ton WB? Euh... je ne sais pas, le prof il a dit qu'il fallait demandé le WB 6ème chez Belin. Oh! Une édition, au moins. Alors, quel collège? D'accord. Donc ce sera celui-là! Super! Vous l'avez. Non, il est en commande. Oh! Vous l'aurez bientôt? Je regarde. Mardi ou jeudi. Oui, mais quel jour? Je ne peux rien vous garantir? Comment ça? Je ne peux rien vous garantir, tout dépend de la vitesse où sont préparées les commandes. Oui, mais quel jour? Inspire. Expire. Bonjour, je viens chercher un livre! Oui. Vous vous rappelez du titre? Euh... non. Alors, votre nom? Machin. Trouver le bon carton, trouver le bon nom. Réciter encore et encore l'alphabet. Et voilà, madame! Et voilà, monsieur! Ah oui, mais il m'en manque un. Vous ne vous rappellez pas lequel est-ce? Non, mais vous l'avez noté. Sortir les 26000 fiches de commandes. Et ils te regardent faire sans aucune pitié. Je ne comprends pas pourquoi je ne l'ai pas. Moi, non plus, madame. Mais comment ça se fait? Je ne sais pas. Mais... Mais... Vous savez, une fois qu'on a passé les commandes, nous ne sommes plus maîtres de rien. Il faut attendre. Nous. Vous. Un point c'est tout. Non, on ne répond pas au téléphone. On le débranche. Pourquoi? Parce que sinon, on risque de le fracasser par terre. Vous savez que ça sonne sans arrêt? Pour des pauvres cloches qui veulent commander 25 livres au téléphone, qui veulent savoir si tel magazine est arrivé ou si on a un protège-cahier petit format de couleur bleu? Tu le sais, non? Tu t'en fous. Mais en attendant, les 14 personnes derrière toi, elles sont heureuses de se faire servir sans trop attendre parce que, elles, elles se sont déplacées. Alors tu te la fermes et si tu n'es pas contente, tires-toi. Ah oui! Alors avec celui-là, il y a celui-ci et un autre. Ah oui, ce Td! Les regards étonnés. Bah quoi? A force de regarder les carnet de commande 4 heures à réception des cartons, je finis par connaître les listes de livres par coeur. Mais il y a aussi les clients qui font sourire. Parce qu'ils connaissent leurs titres, ne s'énervent pas pour un rien, ceux qui te souhaitent bon courage pour la suite, ceux-là quoi. Ceux qui ouvrent grand les yeux quand je dis que non, on n'a pas encore leurs livres parce qu'ils sont en vacances... silence... J'ai dit quoi? J'ai pas dit ça? La tête d'en face qui rit. Si! Je l'ai dit. Euh... En commande... Pardon. Voilà, le soir, je ne pense plus. j'ai encore les bip de la caisse en tête, les noms de tds qui jonglent, les couvertures qui dansent. Et la nuit, ces clients qui hantent mes cauchemards. Allez, on peut presque dire qu'on y est 24/24. Moi, dans mes rêves, je crie après les clients, ma collègue les fout à la porte. L'inconscient s'exprime. Ou juste en rêve, faire ce qu'on crèverait d'envie. Parce qu'évidemment, je ne leur parle pas comme ça, aux clients...Oui, je sais, c'est ça le commerce. En septembre. Mais punaise, les gens sont hargneux. Vraiment, je préfère l'arrivée du mois de décembre. C'est pareil au niveau de la fréquentation mais ils viennent tous pour faire plaisir. Alors, il y a les sourires sur les joues. Et les mains qui font des cadeaux. C'est de nouveau bientôt.

Souffler une douceur