On m'a annoncée l'automne et je ne m'en doutais pas. Il a fallu constater que oui. C'était bien aujourd'hui. Mais tu sais, l'automne, il a commencé depuis. Le début de semaine et les premiers virus qui traînent et qui imbibent les ourlets du pantalon. Ils m'auront eue. La semaine dernière qui est passée. Le dimanche à découvrir les carreaux d'une autre maison. A retrouver les amies de ma cousine. Et rire beaucoup. Malgré leurs dix années de plus. Alors bien sûr que le soir venu, je me suis sentie mal face à ces gens, ces amis, qui n'attendent plus qu'une chose, être grand. S'habiller comme. Et moi, je me disais pendant qu'ils enfilaient les noms de viandes... je me demandais ce que je faisais ici. Et je n'étais pas la seule.Ils parlaient de viande et je voulais vomir. J'aurais préféré parler de la pluie. De ces gens qui au final ne me manqueront pas. Et tu sais, pour eux, ça ne me fait rien. C'est peut-être ça le pire. J'aurais voulu parlé de la pluie qui dégringole le long des vitres. Du bruit de chaque goutte sur le velux. Des essuis-glace qui ne s'arrêtent plus. De ce film. Aussi. De la pluie et de tout ce qui dégringole ces jours-là. De la pluie et des mains sur la tasse de chocolat. Chaud. De la pluie. Et de l'automne aussi. J'aurais pu aligner les mots si on m'avait parlée de la pluie, de la mer ou juste de quelques lignes, d'un livre ou du reste.

[ "Au fond de ces ténèbres, je pensai à la mer sous la pluie. Il pleuvait sans bruit sur le vaste océan, à l'insu du monde entier. Les gouttes frappaient la surface des eaux en silence, et même les poissons n'en avaient pas conscience."
Haruki Murakami,
Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil ]

Souffler une douceur