Près de trois ans en arrière. Je vois le ventre énorme de ma soeur. Ma rentrée à la fac. Ce n'était que ma seconde année. Je n'avais pas encore tout à fait repris. C'était encore un peu les vacances et je passais mes journées assise à regarder son ventre onduler au gré des coups de pieds ou de coudes de ce petit prince. Aujourd'hui, tout ça c'est fini. Achevé. Rangé dans les tiroirs, dans les dossiers. Doux comme des souvenirs. Il lance des sourires et des bouts de phrases qui ne font que m'étonner. Il y a les éclats de rire et les courses poursuites dans le couloir. Le toboggan et les nombreuses montées. Puis, les descentes.

Il a fêté son anniversaire à l'école aujourd'hui. C'était la première fois. Je rigole quand il me dit que sa maman n'est pas sage. Son papa non plus d'ailleurs. Je l'imagine déjà avec les dents manquantes après le passage de la petite souris. Il a fait gris toute la journée. Mais quand il a passé la porte, ça a fait comme un éclat de lumière. Il y a trois ans et deux jours, j'étais à la maternité.
En attendant, et tu sautes, sautes, sautes, tu es content, et tu danses, danses, danses, tu as trois ans. Voilà, un petit air gai, léger et répétitif qui m'a fait rire. Et lui aussi. Alors, c'est tout. Il sait me faire retourner loin en arrière. Et lorsqu'on est tous les deux, je ne suis pas encore ce que je suis aujourd'hui.

Plus ça va, plus je me rappelle d'évènements qui me semblaient inconnus il y a quelques temps. Peut-être que j'y accorde plus d'importance. Ou que plus ça va, plus ça manque. Ces instants volés à personne.



Souffler une douceur