Et, j'irais jusqu'à la mer.

Les premiers pas sur le quai et le sourire qui naît. Il y a eu mon neveu à porter jusqu'au taxi. L'odeur que je ne saurais définir dans la voiture. Longer L0ngchamp et se dire que vraiment, il a fait quelques détours inutiles. J'ai posé ma valise. Et tout commençait. Le lendemain, le ciel était bleu. Partir en ville pour une promenade improvisée. Rentrer et le soir venu, n'avoir aucun mal à s'endormir. Le ciel sera bleu demain, de toute façon. Ensuite il y a eu le Vieux P0rt, N0tre Dame et le Prad0. Il y a eu tout ça. Et un Prince Wladimir pour finir en beauté la journée. Tout passe à une allure folle. J'énumère sans n'avoir rien d'autre à dire. Mais tout ceci s'est fait dans la bonne humeur. Ces quelques jours sont passés. Et puis, juste, j'étais bien. Au milieu de cette famille du bout de la France. Les projets se définissent. Les rendez-vous sont pris. Aucun de nous ne sait s'ils se réaliseront. Je crois bien que l'on fera tout pour. Parce que ces petits moments à cinq, huit, douze ou quinze, sont autant de moments que l'on aura pour nous.

*

Mercredi, ne plus savoir quel jour on était. Le lendemain, la voiture vers tous ces livres. Le buffet, le verre de jus d'orange. Les doigts gras et tous ces livres ôtés de leurs couvertures. Je les ai ouverts. Penses-tu. Et là, plus que jamais, je me suis sentie bien. Comme si je ne m'étais pas trompée tu sais. Quand les certitudes s'installent, elles font parfois le plus grand bien. Samedi soir, les rêves font plus que le tour de la pendule et se retrouver à courir après la nuit pour retrouver le sommeil. Tant pis, il y aura des lignes sous les yeux. Tant pis. Ou peut-être tant mieux. Il faudra aussi sortir les stylos. Et commencer à. Préparer l'examen. Celui où il faudra savoir. Sur le coeur. Et j'aurais envie de te citer Le soldat et le gramophone, " - parce que, souvent, savoir quelque chose par coeur est la chose la plus triste qui soit au monde - ". Mais il faudra.

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Être le noeud qui raccorde les deux bouts. Je sais être celui-là. Aller de l'un à l'autre et ne jamais s'arrêter. J'ai compris, il n'y a pas si longtemps que ça. Qu'avant même l'amitié, il y a cette volonté d'indépendance. Et qu'il faut faire avec. Je m'attache, et me détache facilement. Ou non. Tu sais, c'est un peu comme un yoyo. Je m'éloigne plus ou moins loin du doigt qui me retient au monde. Mais rien ne me fera rester en place. Il y aura les uns et les autres. Mais il ne faudra pas me demander de choisir. Mes choix sont toujours fait plus vite que je ne le crois. Je ne veux rien perdre de ce temps. Et pourtant, je le perds. Crois-moi. Parfois, j'agis. Et je ne me dis que bien après qu'à force de vouloir tout faire, je n'aurais rien fait. Tant pis si l'on m'oublie, je crois.  Je plisse les yeux quand quelque chose ne me convient pas. Et j'essaie. Je tente malgré tout de ne pas m'arrêter à une face du puzzle. Parfois, ça ne suffit pas. J'aimerais que mes décisions franches et tranchées soient parfois entièrement justifiées. Ce n'est pas le cas. Est-ce grave? La réponse ne sera jamais là.

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Puisque oui. Posons-nous donc la question? De qui se souvient-on? Se souvient-on de l'enfant qu'on nous a raconté ou bien de l'adolescent que nous avons dû deviné. De l'amant, de l'amour, de la femme, de l'époux? Du père, de fils, du frère ou de l'oncle? Se souvient-on de la personne ou de ce que l'on veut se rappeler. Qui est là pour nous dire de qui l'on doit se souvenir. On ne se souvient que des souvenirs que l'on s'est constitué. On oublie la personne aussitôt qu'elle prend sa place. Se souvient-on de la vieille ou du malade? Se souvient-on de ce que l'on nous as raconté? Nos souvenirs se construisent sur les photographies écornées. Ils se construisent et ne cessent de se transformer. Alors de qui? De quoi se souvient-on?

Souffler une douceur