23 Janvier

Toutes les semaines, il y a le bleu sur ma peau. C'est devenu habituel. Depuis que j'ai commencé à travailler, il n'y a pas une semaine où je ne me cogne pas à un coin. De table, de meuble, une poignée... Ce que tu veux. Ce qui m'étonne encore, c'est que je ne me suis toujours pas coupée un doigt avec le cutter. Me faire attaquer par un carton, c'est fait. Me retourner un ongle aussi. Je m'en souviens très bien. Après le bleu, il y a le mauve et le jaune. Ensuite, c'est indéfinissable comme couleur. Et puis, c'est fini. Pour la jambe droite du moins. Désormais, ce sera le coude gauche. Et on reprend le joli dégradé. Il y a des gens qui appuient sur leur bleu jusqu'à en avoir mal. N'ouvre pas grand les yeux, j'en connais. Evidemment, je n'ai jamais essayé. Il m'arrive assez souvent de le faire maloncontreusement. La douleur se réveille d'un coup. Le temps de me rappeler sa présence. Je ne sais même pas où je veux en venir. Peut-être que je ne fais pas attention à moi. Et que je devrais. Je ne sais pas où je veux en venir. Encore des mots qui resteront enfermés dans un tiroir. Encore des mots pour pas grand chose.


26 Janvier

Je me retrouve comme une idiote. A taper sans savoir pourquoi. A taper pour ne rien dire. Une fois de plus. Je ne sais pas ce que ça va donner. Je ne sais pas. Mais les doigts sont comme indépendants. Comme s'ils prenaient le contrôle de mes pensées, de ma tête. Je ne sais pas si ça fera un grand vide après. C'est rarement le cas ou alors juste un instant. Tout va vite. Commenter la moindre de ses lettres. Je pourrais dire que je tape le t on en serait déjà au u. Voilà. C'est moi, ça. Je pourrais prévoir que tout serait déjà passé.


06 Février

Il me semble juste que je me satisfais plus de rien. Il n'y a jamais ce qu'il faut. Ce que je voudrais. Ce qu'il faudrait. Et si je ne me satisfais de rien en ce moment, ce n'est même pas pour l'angoisse constante. Même pas puisque la fatigue est encore plus forte que tout ça. Alors, bien sûr, c'est dans la tête mais tout est enveloppé de brume. Je mets du temps à comprendre ce qu'on me dit. Je ris pour un rien. Je suis au bord des larmes constamment. Mais ça va bien. Le pire est que ça va bien. Hormis les yeux qui sont si lourds à porter en ce moment. Je jette les phrases sur ma page word. Je jette les mots lorsqu'ils viennent. Cà ne ressemble jamais à rien. Jamais. Pourtant il y a cette envie. Alors depuis une semaine ou bien deux, la page de brouillons me semble le meilleur moyen. Pour me contraindre à écrire. Tout en ne le montrant pas.

Souffler une douceur