C'était au mois de juin. Les herbes folles étaient hautes. Elles arrivaient jusqu'à mes genoux. J'avais déjà six ans. Je me croyais la princesse du monde. Tu sais bien qu'on ne devient reine qu'une fois grande. J'attrapais ma cousine par la main pour nous faire vivre de grandes aventures. On avait chacun notre coin dans le jardin de papy. C'était un grand jardin. Derrière la maison, on pouvait aller cueillir les framboises. Enfin, on allait plutôt les manger. Et mamie avait toujours un sourire indulgent en nous voyant arriver avec les lèvres roses et les tee-shirt blancs tâchés. Il y avait même un labyrinthe. Je me souviens qu'on avait peur d'y aller. A l'opposé, il y avait cet arbre avec de grandes tiges. On était dans la savane. On se planquait au milieu quand on jouait à cache-cache. Et toutes ces marguerites par terre. La patience de ma grande cousine pour m'apprendre comment on faisait des colliers de fleurs. On s'asseyait sur l'herbe tendre et nos mains dodues et potelées venaient arracher les pétales de ces petites fleurs. Et les multiples bouquets de fleurs sur la table de la salle à manger. Notre piscine était une grande bassine et on s'amusait avec le jet d'eau. Et l'hiver, quand leurs douze petits enfants se disputaient son attention, mamie nous remontait les manches et on lui créaient des chefs d'oeuvre avec la peinture à l'eau. Il suffisait de traverser le champ. Et sinon, je faisais la cuisine avec mémé. c'est elle qui m'a fait faire mes premiers gâteaux au yaourt. Elle me faisait de la purée rose dont je raffole toujours. Je dormais avec ma soeur dans un grand lit qui nous faisait tombées au milieu. Et Flore venait nous réveiller le matin. Je courais après le canard et la cane. Et un jour, il n'y a plus eu de canard. L'été, on se promenait. on allait au parc du château dans la ville limitrophe de la mienne. A chaque fois, je croyais que je n'allais jamais rentrer. Les grandes nous faisaient faire le parcours du santé. Mais j'avais trop le vertige pour monter sur la poutre. Et puis, on allait cueillir des mûres dans les ronces, et on se perdait dans les champs de maïs (aujourd'hui aussi d'ailleurs). On s'allongeait pour voir la forme des nuages. Je comptais les oiseaux sur les fils électriques. Ma maman me coiffait dans la salle de bain, et je lui ai dit que la petite souris n'existaient pas. J'avais huit ans. Elle a été obligée de refaire ma tresse. On sautait à l'élastique. J'en avais un vert fluo. On déclinait inlassablement les jours de la semaine. On sautait à la corde. A une, deux, trois, dix. Les comptines enfantines n'avaient pas de secrets et je maîtrisais les Trois Petits Chats.

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Aujourd'hui, je fais encore tout çà.
Et j'aime quand ma maman vient à mon secours quand je tente de me boucler les cheveux.
Aujourd'hui, je dis encore que quand je serais grande, je serais libraire.
Et mes copines reprennent la même phrase...

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Racontez-moi vos anecdotes. Celles de quand il n'y avait qu'un chiffre à notre âge...


Souffler une douceur