Si l'on me demandait si ça allait, je ne sais pas ce que je répondrais. Je n'ai pas le temps. Pas le temps. Comme le lapin blanc d'Alice, je suis en retard. En retard. En retard. Je me tords le poignet à tracer des lettres et les fiches de droit s'accumulent. 19. A apprendre. Il y a les examens blancs en avril. Mais il faut choisir. En retard. En retard. Tant pis, tout sera négligé.
Le mémoire s'apprête doucement. Les statistiques s'affolent et le nombre de signes est désormais confortable. Je passe mon temps à effacer ces petits mots qui sont inutiles. Juste rallonger la phrase de quelques lettres, ça ne me mène à rien. J'ai choisi ma couleur. Ce sera vert. La deuxième partie est finie. La première à compléter et la troisième est enfin commencée. La liste des choses qui vont être à faire s'allonge. S'allonge.
Je ne suis pas de taille à mener plusieurs projets de front. Je me cantonne à finir ce qui est commencé.
Avril est présent dans mon esprit depuis novembre. J'ai eu le temps. Bien assez long-temps.
Les états d'âme, c'est pour tout à l'heure. Je suis desséchée. De l'intérieur. Il n'y a en mémoire que ces sept lettres. Matin. Nuit. Midi. Soir. Après-midi. Si l'on me demandait si ça allait, je répondrais oui. Tout en ne sachant pas. Les journées défilent sous l'absence de courrier, la voix de Ella Fitzgerald et les mots de Chloé Delaume. Certainement pas.

Souffler une douceur