Je m'imagine toujours une petite maison. Au loin dans les hautes herbes. Les volets seront fermés évidemment. Mais certains ne tiendront plus vraiment. De nombreux curieux auront déjà tenté de pénétrer à l'intérieur. Pour vivre une grande aventure. Chercher un trésor ou déterrer un fantôme. Qui sait. L'abandon, c'est une maison triste. Une maison vidée de souvenirs. Une maison que personne n'aura voulu garder. Un désert. Et dans les moindres recoins, tous ces pans de vie délaissés. Je leur trouve toujours un certain charme. Je me vois en train de suivre les courbes de la poutre de la cheminée. Y chercher des rainures et des failles. Et imaginer la chaleur qu'il y avait devant l'âtre. Entendre les grincements du parquet. Des cracs sonores. Parce qu'il y a déjà longtemps que plus aucun meuble n'attrape la poussière.

C'est ma maison aux volets bleus. Le jardin envahi par les mauvaises herbes. A chaque état une image un paysage un joli panorama. A l'abandon. Mais j'y reste tellement attachée. Des regrets en collier. Certains en font leur mode de vie. Pas de regrets. Je crois que je n'apprécierais pas tant ce que je suis si je ne regrettais pas des milliers de choses. Des carrefours où bien sûr j'ai pris la mauvaise direction sans aucune possibilité de revenir en arrière. Bien sûr j'ai des regrets. Qui me font dire que je suis triste. De ne plus avoir de nouvelles. De ne pas. Et de ne.

J'ai laissé de nombreuses chose en abandon. Des amitiés, des conversations et des états d'âme. Et puis, aussi, puisqu'il n'y a pas de raison, de nombreuses choses m'ont abandonnée à leur tour. Sans savoir. Est-ce que je. Je me suis longuement questionnée. Et puis voilà, un jour on en vient à regretter.On continue à soupirer pourtant. Je me suis bêtement dit en arrivant ici que le blog c'était bien. Mais que c'était provisoire. Un an. Deux. Peut-être trois. Soyons fous. Au final, j'y suis. J'y reste. Même si parfois j'ai vraiment envie de rendre copie vierge. Et juste. Disparaître. Après tout. Tu penseras ce que tu voudras. Je trouve juste qu'ici a perdu de sa superbe.

Encore une fois, je tourne la clé d'un quart de tour vers la droite. Maîtriser les silences. La maison aux volets bleus est silencieuse ce soir. En sera-t-il de même plus tard?

Les écrits restent. N'est donc pas ce que l'on dit? Qui ne le sait? Ne le connaît pas? Je mets des circonflexe juste par envie.

Souffler une douceur