J'ai lu une histoire à Zorro cette semaine. A une dizaine d'enfants à vrai dire. Une première, une tentative, des sourires par dizaines. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'appréhender. Et de réaliser que j'ai oublié. J'ai oublié que huit ans, ce n'est pas si grand comme âge. On est encore impressionné et un peu timide au début. Pourtant, on en sait déjà des choses à sept ans.

J'ai été captivée par leur esprit d'observation. Ces petits détails que moi, tenant le livre à l'envers, je ne voyais plus. Je me suis retrouvée à un moment, assise avec six enfants autour de moi. Il pointait les images et je ne suivais plus. Je me suis retrouvée la plus grande, celle qui impressionne. Alors non. Non, non, non, je te dis. Totalement impossible. A force de sourires, je crois que l'on s'est un peu apprivoisé. Lorsque je leur ai demandé s'ils reviendraient la prochaine fois. Ils ont tous dit oui. Alors qu'est-ce qu'on fait la prochaine fois? On fera comme si quoi? Dans quelle histoire je vais pouvoir les plonger? Et à quelles questions je serais incapable de répondre?

Je collectionne les romans. Ceux qui sortent du carton. Les grands formats et les poches, les nouveaux. Ceux que je n'ai pas eu le temps de lire l'année dernière. Je repars avec un livre dans mon sac chaque soir. La pile augmente, augmente et finira par tomber un jour.

J'accumule les escapades dans les livres jeunesse. Ceux qui ont le mérite et l'avantage de te faire plonger directement au cœur de l'histoire. En trois chapitres, tu es dans le livre ou alors tu le reposes. Et je saute à deux pieds dans les albums illustrés.

Je découpe des bouts de carton et dessus, il y a juste quelques mots qui disent, j'ai aimé. Faites-moi donc confiance, achetez-le. Lisez-le. Et revenez me voir pour en parler. Et il y a si peu de mécontents.

J'écris ce soir pour me souvenir qu'il y a des semaines où les gens te complimentent et me font doucement sourire. Rien ne m'empêche de me mordre la langue pour leur signifier qu'on ne dit pas "je veux" mais "je voudrais". Mais ces semaines-là, ça passe un peu au-dessus de la tête.

J'écris ce soir le quotidien et l'accumulation de faits... Mais il faut bien que je m'en souvienne. Quand rien ne va plus et que l'envie me prend d'un billet sans retour possible.

Après tout, on ne  lit pas une histoire à Zorro tous les jours.


Souffler une douceur