Quand rien ne va plus. Que les espoirs et nos plus beaux rêves se sont tirés au-dessus de notre épaule gauche, il ne reste que le vide en face. Aucune silhouette, le froid tout autour. Les sourires nous écorchent les lèvres et les yeux n'ont plus envie de voir les jolies choses. Quand rien ne va, il y a les doutes qui deviennent de plus en plus gros. Les cailloux deviennent des pierres, des rochers. Et c'est tellement lourd à emmener au loin à bout de bras. Alors, on les repose. Et on se retrouve un peu perdu. Beaucoup seule. Entre nos petits et nos gros cailloux. Assise, là. Étalée par terre sans aucune force pour se relever. Et personne autour. Personne n'est assez près. Assez là.

J'étais en colère aujourd'hui. A m'en mordre les joues pour ne pas sortir des mots plus gros que moi. Alors, j'ai serré les mains fort fort fort contre le volant, et je me suis mordue la langue. Et j'ai décidé de passer à autre chose. Je me suis réfugiée dans la tiédeur d'un roman jeunesse, et entre deux clients les minutes étaient longues, je riais et souriais à en lire des passages à haute voix à ma collègue. Elle tient à se dire que demain soir, pour elle, c'est les vacances. J'ai encore une semaine à tenir. Et, ce qu'elle va être longue...

Au travail, le comptable veut que je fasse des  miracles. Et là, je me dis que j'aurais dû noter mes idées des plus incongrues au fur et à mesure qu'elles venaient. On me demande de développer la librairie. Et je n'en demande pas moins. J'ai quelques idées en réserve, des rayons à créer, un calendrier à définir. Et j'ai peur de couler à pic. Mais ça me semble si colossal cette responsabilité. Je jette des noms d'auteurs sur des feuilles.  Mon carnet de lectures s'emballe et je choisis avec soin les livres que j'estampille. Et je suis continuellement surprise et ravie quand on me dit qu'on me fait confiance. Je coche les livres que je veux pour l'automne et au nouveau P*nti à paraître, je m'emballe un peu. Mais je sais qu'un rejoindra mon étagère. Alors. Alors.