Le coeur m'étreint de tout ce que j'ignore encore. Il y a cette envie incolore le long des silhouettes. Le sommeil m'assome chaque soir et mes rêves m'abandonnent lachement à leur folie. Le matin me voit arriver avec le sourire. Et les yeux même ouverts tendent à tomber. Les cailloux sur le chemin ont disparu mais je ne suis pas perdue. Il y a des endroits où tu sais que, même les paupières closes, tu arriveras à destination. Je connais le nombre des marches. Mes pieds savent lorsqu'il faut s'arrêter. Je suis imprégnée de tout mon quotidien. Je me mets à l'abri des feuilles du saule pleureur. Et je ris. Sans pleurer. Les oiseaux s'installent dans les oreilles et les ongles fleurissent comme les marguerites. Les paroles d'autrefois franchissent mes lèvres enfantines et l'on part à l'aventure sur les roulettes de nos décisions. Les imaginaires se confondent et cet arbre n'en est pas un; c'est une mariée. Belle et sauvage à la fois. Sa traîne s'étalait le long de mon ombre. Sa robe de mousseline chatoyait et mes yeux ne la quittaient pas. Sous ses atours, j'aurais pu vivre entièrement.

Souffler une douceur