On a du mal à remarquer ce qui se passe sous notre nez. Il suffit que je m'intéresse à une chose pour la voir se multiplier sous mes yeux. J'aime les saules pleureurs.

*


D'Outre-Manche


Les branches supportent leurs feuilles. Ce sont comme des larmes en suspension. Entrer sous son sombre, c'est passer de l'autre côté des larmes. Etre face à un rideau de feuilles, aussi denses que la pluie des grosses averses hivernales.

Adossée au tronc, elle ferme les yeux dès qu'elle entend le picvert. Un livre est posé là, sur sa droite. Ici, c'est un peu son île déserte. Il n'est pas rare de la voir chuchoter ce qu'elle lit. Comme si elle voulait donner aux mots toute leur importance. Les variations de sa voix divulguent la teneur de ses secrets.

Personne ne comprendra jamais pourquoi elle sourit ainsi lorsqu'elle revient. Personne ne comprendra jamais pourquoi c'est toujours là-bas qu'elle se réfugie. Personne ne voudra jamais comprendre qu'elle l'entend. Personne d'autre qu'elle ne partage le secret de ses pleurs.

Souffler une douceur

Par ecilora | D'hier | Vendredi 18 Mai 2007, 15:40 en Demain | Les lignes de l'imaginaire | 4 mots