Les mots s'agitent sous couvert. Ils restent à l'abri. Je retiens mes pensées lorsque l'envie. Je perds le compte de mes rêves. Comme celui des moutons. Closes, mes paupières. Les nuits sont noires. Tout brûle. Les avions brillent en pleine nuit. De gauche à droite. Et tout s'éteint.
Un jour, on prendra tous l'importance de nos souffles entre les doigts. Et il sera certainement trop tard. C'est toujours trop tard que l'on se rend compte qu'on a tort ou raison. Les bons mots viennent toujours après. Mais après quoi?
Mon étagère se vide doucement de toute ma licence. Comme ceux d'avant, ils vont gagner un carton. Et certainement ne jamais en sortir. Dans deux ans, je me résoudrais à les jeter. Peut-être. Et je mettrais fin à tout ce qui est aujourd'hui. Derniers jours avant de se rendre compte que. Fini. Trois ans à faire les allers-retours. Connaître les horaires par coeur. Et les correspondances aussi. Je compte plus les heures à attendre sur le quai. Ni à attendre assise dans un couloir. Je compte plus les mots posés sur une copie double. Qui doivent se compter par milliers. J'oublie les notes au fur et à mesure. Enfin presque. J'attends ce qui clôturera définitivement l'année. Ce papier. Où il y aura écrit admise. Ou pas. Je laisse venir cette dernière fois. Celle qui me fera dire adieu. Je ne me retournerais pas. Et, qui sait ce qui adviendra. Je mettrais définitivement fin à six années d'amitié. Ce sera le 23 juin. Et je ne serais pas triste. Les faux-semblants s'achèveront enfin.
Parfois me vient en mémoire, une douce mélodie. Je me perds entre ces notes et me pose sur les fils électriques. Comme une tourterelle. Et de là-haut, j'évolue. Le fil se balance et tangue. Plus ou moins fort. Mais c'est toujours plus joli d'ici un coucher de soleil sur une mer de blé. Ne suffit alors qu'à regarder.






] Ils remontèrent l'allée, je restais debout là, les suivant des yeux, sous le clair de lune, puis je me jetai à terre, pleurant toutes les larmes de mon corps, et puis, me releveant d'un bond, je courus jusqu'au bord de la terrasse et vis encore, là-bas, dans l'ombre des hauts tilleuls, luire sa robe blanche, vers la porte du jardin; je tendis les bras, la tache blanche s'évanouit.
Goethe, Les souffrances du jeune Werther [


Souffler une douceur