Il y avait foule ce matin devant les barrières. Ils étaient tous habillés sur leur trente et un. Comme si c'était le jour de la photo de classe. Les petits agrippaient fermement les mains de leurs parents. D'autres portaient leur cartable. Certains jouaient déjà avec leur copains. Avec "la bande". Et moi, je passais. Droit devant et première à droite. Tout est loin maintenant, oublie.
Et aujourd'hui, sans savoir comment. Sans savoir pourquoi, ils se sont tous retrouvés devant moi. Peut-être bien qu'ils étaient un peu plus vieux. Beaucoup, pour certains. La journée s'est passée, j'ai dit 49000 fois, au moins, bonjour-s'il-vous-plaît-au revoir. Les gens sont remontés jusqu'au fond des étagères. Je ne sais plus d'où ils sortaient. Le téléphone m'a fait sursautée. Je pourrais en cauchemarder. Et les soirs, quand je pense qu'à aller me coucher en rentrant, je me dis que je suis vraiment en train de perdre toute vie sociale. Cà me déprime. Cà y est. C'est officiel. Lundi, 9heures. Je rentre à l'école. Maman ne m'accompagnera pas jusqu'à la porte.
C'est même pas vrai que j'ai souri quand une dame m'a tendue trois euros. Et un peu gênée aussi qu'ils soient que pour moi. J'ai aussi failli taper une cliente (Je l'ai étranglé intérieurement.) et fondre en larmes. Mais j'ai tenu.

Souffler une douceur