Il y a A., la nouvelle. Etudiante et à temps partiel. Très gentille mais extrêmement bordelique. C’est assez soulant de ne jamais retrouver une chose à sa place. On va lui laisser une chance. Elle est là depuis deux semaines. Après je me dis que c’est peut-être normal qu’elle ne prenne pas d’initiatives. Et qu’elle n’est pas là pour être libraire. Aussi. Mais bon… Je ne suis pas là pour lui dire ce qu’il y a à faire. Moi, ce n’est pas mon boulot. En plus, quand je suis fatiguée, j’ai horreur qu’on me traîne dans les pattes. Sous risque. Alors, j’ai peut-être été un peu sèche en lui disant que je n’avais pas besoin d’aide (en même temps, c’était vrai)… Faut dire aussi que repasser toute une facture derrière elle, le matin, ne m’avait pas particulièrement amusée… Parce que cocher 53 livres, un par un, c’est une belle perte de temps.A part çà, je crois que je l'aime bien.

Hier, j’ai vendu des Harry. Oui, certes. Mais, j’ai croisé des petites russes au magasin. Echange entre école de danse. J’ai pensé à Lu, bien sûr. Alors, j’ai baragouiné quelques mots d’anglais pour leur dire au revoir. C’est plaisant ces petites choses en décalé. J’ai choisi les nouveautés à mettre en vitrine et conseillé deux-trois livres. Bien sûr, j’ai passé quelques temps à parler Harry Potter à la caisse, avec des petits et des grands. Alors, peut-être que bon, oui, c’est Harry Potter. Mais, c’est assez exceptionnel quand tu vends plus d’une centaine de livres dans la journée, tout confondu.

Demain, je vois S. Mon amie d’enfance, de toute une vie. Heureusement que, elle, je la vois régulièrement. Mes amitiés de lycée commencent à s’étirer un petit peu. Cette année, on est chacun à un bout de Paris. Les semaines sont chargées pour tout le monde. Et ça devient difficile de se trouver un créneau horaire en commun. Mais, on y parvient : résultat à la crêperie où… Mmmm.

Hier, ma sœur, mon neveu. Et le reste. Evidemment, j’avais les yeux tombants après une crise d’insomnie. J’ai récolté des bisous. Et en repartant, j’ai vu la salle des fêtes de chez moi en feu. Les étincelles tombaient sur la route. Alors, j’ai accéléré même si c’était joli. Il était hors de question que je m’arrête. C’était inutile, les pompiers étaient déjà là.

Tous les matins, lorsque je vais travailler, je passe devant un arbre, perdu au milieu des champs. Et çà me fait sourire de le voir au fil des quatre saisons. Désormais, je partirais sans le lever du soleil. Il risque de me manquer. Devant ma chambre, l'arbre est à moitié en été et l'autre en automne. C'est étrange. C'est plaisant.

Et les souvenirs en tête font vieillir la mémoire.

Souffler une douceur