Ce n'est même pas que les mots étaient coincés. Ils n'étaient juste. Pas là. Rien à faire. Ce ne sont pas les bons. La nuit, je rêve de pages et de pages. Mais en haut, il y a le défilé hiérarchique des titres et sous-titres. C'est fini. Oui. Presque. 61 pages. Et il y en a encore d'autres après. Je ne crois pas que les mots reviendront ainsi. C'est l'esprit occupé perpétuellement. Par la même chose. Tu as beau vouloir une ellipse, une éclipse de cerveau, elle ne vient pas. Pas même la nuit. Non même en rêve, c'est les pages qui tournent et moi qui bafouille. J'écoute les chansons en boucle. Je tourne et retourne les journées. Il n'y a pas moyen. Elles filent quand même sans que je n'en saisisse un instant de tranquillité. De ces derniers mois, ces dernières semaines, il y a juste les habitudes flagrantes.

Il serait temps que je reprenne vie. L'apaisement vient quand assise sur le perron, j'écoute mon neveu se raconter des histoires. Je voudrais y rester toute ma vie. Un midi, les minutes restantes avant le train me permettaient de rallier Saint-Lazare à pied. J'ai fait des détours, il me semble. J'allongeais le pas. Ou tout son contraire. Le ciel était enfin redevenu bleu et à marcher, le rouge montait aux joues. Un brin d'air. Une promenade. Un lâcher prise. Même si ce n'était que pour quinze minutes. Je me serais crue en vacances. Presque.

Un jour, un jour, je voudrais que quelqu'un soit pendu à mes lèvres. Juste un instant mais que son souffle s'épuise avant même que je ne finisse ma phrase.

Les semaines passent ici. Mais je reste bloquée à Mars. Et tu sais, ce n'est pas grave.

Souffler une douceur