Et ne pas perdre cette idée
La nuit tombait. La brume recouvrait tout. Les réverbères diffusaient une
lueur qui s'évanouissait sitôt trois pas passés. On était ailleurs, ce soir de
novembre. Mieux valait connaître son chemin sur le bout des doigts. Ainsi, lui,
il savait qu'il fallait tourner à gauche au prochain carrefour.
La devanture était illuminée. On ne voyait pas l'intérieur. La buée sur les
vitres indiquait qu'il faisait bon, de l’autre côté. Il passa la porte. Ses
mocassins épousèrent la moquette sombre du restaurant. Ce n'était pas encore
l'heure du dîner. Il n'attendait personne. Il y a déjà quelques temps qu'il
n'attendait plus personne.
Il s'assit à la table du fond. Il avait une vue d'ensemble de cet endroit. Il
fit un signe au serveur et le regarda s'affairer au bar. Bientôt, il aurait une
pinte de bière devant les yeux. Elle lui donnera une certaine contenance. Il se
jugera enfin capable de dévisager chacun des autres clients. Il le savait. Il
pourrait la savourer tout en profitant du spectacle.
La bière arriva. Le serveur le salua, s'arrêta un moment pour échanger des
civilités. Il était un habitué maintenant. C'était son seul rendez-vous qu'il
ne manquait jamais. Mardi, Jeudi, Vendredi. Trois fois dans la semaine, il
faisait une halte ici. Son sas de décompression entre le travail ennuyeux et le
silence de plomb de son appartement.
La première gorgée est toujours rafraichissante. Elle remet les idées en place
avant de les déranger. Il faut en prendre soin.
Il fait bon à l'intérieur. Les hommes ont ôté leurs vestes et dénoué leurs
cravates, pour ceux qui en portent. Les femmes ont remonté leurs manches et
affichent leurs décolletés avec plus ou moins d'élégance. Ils discutent. Avec
leurs gestes il pourrait recréer leurs conversations. C'est un de ses hobbies
préférés. La femme au pull vert chuchote quelque chose à sa voisine. Les joues
de celle-ci rougissent avant de sourire. Plus loin, près de la vitre, un jeune
homme est occupé avec son téléphone. Son visage est sévère. Sans doute est-ce
pour son travail. Un couple de touristes dîne déjà. A la droite de la femme, un
tas de cartes postales. Y en aurait-il une de la Tour Eiffel ?
A la deuxième gorgée, il sent qu'on l'épie. Décontenancé, son regard balaie la
salle. Qui s'occupe à la même chose que lui? Il ne la remarque pas
immédiatement. Il cherche. Il plisse les yeux et enfin la découvre. Elle est quelques
tables plus loin, camouflée par une plante verte.
Il la distingue approximativement. Il fixe la plante avant de se rendre compte
de son impolitesse. Il replonge dans son activité favorite. Un couple
s'engueule. L'homme est rouge. Le ton monte. Et lui, d’où il est, commence à
entendre les reproches qu’il profère. Sa compagne le regarde impassible. Ses
lèvres sont pincées.
Voilà, j'aurais peut-être pu écrire un peu plus. Un peu moins. Ou autre chose?. Je n'aurais pas le temps de le finir. Ni l'idée. Ni l'envie. Mais ce début me plaisait. Il faut le dire. Il ne faudrait pas qu'il reste dans le noir...
Par Cio | D'hier | Jeudi 11 Décembre 2008, 21:32 en Demain | Entre crochets | 5 mots
par ecilora, le Vendredi 12 Décembre 2008, 21:41
Non.Souffler une douceur
Y en a pas. Pas tout de suite. pes encore. Ou peut-être pas du tout. On verra...
Mais ce serait sûrement fini sur un sourire furtif et une porte qui se referme... ;)
Douceurs
1 -par aphone, le Vendredi 12 Décembre 2008, 02:29 Souffler une douceur