J'en ai assez de ces pluies sans été. De ces brouillards sans neige. L'hiver en automne et au printemps, l'été à fleur de peau. On doit tourner rond alors que tout déconne. Les tours de manège se font contre la montre et les heures sont de plus en plus difficiles à déchiffrer. Je n'ai pas vu un flocon. Il y a juste eu ce léger tapis de neige. Même pas assez pour faire crisser les pas. Et le soleil levé, tout avait déjà disparu. Je me souviens de ces journées où je n'allais pas à l'école parce que les bus ne passaient pas. J'avais de la neige jusqu'aux cuisses et on était partie en expédition polaire au milieu des chemins. J'ai eu des glaçons dans les cheveux à remonter chez moi à pieds. Mes larmes gelaient sur les joues et j'ai cru que jamais je n'y arriverais. Ce n'est pas si loin pourtant. Il n'y même pas eu de bonhomme de neige cette année.
Et je dois garder la tête hors de l'eau. Et afficher mes directions alors que tout fout le camp. Je vais arriver à avoir mon été au milieu de l'hiver. Et même les désirs les plus improbables finiront par se réaliser un jour. Alors, je continue. A demander l'impossible. Puisque.
Puisque le soleil chauffait tellement que j'ai abandonné le temps d'une heure mon gros manteau. Puisque je me suis assise sur le rebord de la fenêtre et que j'ai lu. Et juste pendant ces instants, je me suis sentie merveilleusement bien. Le salon du livre qui se profile avec entrée gratuite pour les étudiants. Et le programme de dédicaces qui me fait faire des sauts de joie.
Et en attendant, la girouette se fixe cap au Sud. Le soleil et le vent sur les joues roses.

Souffler une douceur