Le petit chat de ma chef, au matin. Elle s'en séparait. Et moi, j'ai craqué. Littéralement. Au premier ronronnement, il m'aurait eu dans sa poche. Mais il n'était pas pour moi. Pas celui-ci. Et surtout. Pas maintenant.

Samedi et la semaine qui se fait la malle. Quelques mots tissés sur toile pour un joli tableau. Un sourire qu'on s'inquiète de moi. Encore. Une envie qui s'étire de plus en plus. Dormir. Juste se sentir vivre un peu. En dehors de tout ce quotidien éreintant. Je n'ai le temps à rien. Mis à part rester debout. Les heures s'accumulent et les mêmes gestes. Sans cesse aux aguets. Mais la concentration. Elle. Elle s'évanouit plus tout passe.

De mes journées, il n'y a pas vraiment grand chose à raconter. A part les clients qui savent vous transmettre sourires et mauvaise humeur. En un clin d'oeil. En un encaissement, plutôt. Je devrais vous raconter les chocolats qu'on nous a offerts. Je devrais vous raconter les minutes à parler de la vie. Et des livres. De ces sourires qui naissent parce que ah oui? Vous avez aimé? Ou ceux qui restent bloqués puisque je vais demander à votre collègue. Ceux-là ne me plaisent pas. Et intérieurement, il y a un cri quand ils se rendent compte qu'elle n'en sait pas plus que moi. J'exhulte à ce moment-là. Si tu les voyais. Et puis, il y a les assistés. Ceux même pas capables de trouver un livre. Rangé par édition et par ordre alphabétique. Ceux qui décident de choisir ce qu'ils prennent à la caisse. Et qui te laissent tout en plan. Je trouve ça. Malpoli. Allons-y pour ce mot-là. Il y a ceux qui te regardent étonnés. Parce qu'en voyant le papier, tu sais déjà quels livres il leur faut. Il y a ceux qui sont juste contents que tu sois là. Parce que tu trouves ce qu'ils étaient venus chercher. Et finalement. Il y a toutes ces petites bouilles. Celles qui te font t'attendrir. Pour un sourire timide. Un billet tendu avec un élan de fierté. Parce que oui, je suis venue sans maman. Parce qu'il y a ce privilège. D'être parfois première lectrice. De donner son avis sur leur livre. Parfois. De ces mots. De ces conversations qui s'accumulent en mémoire. Et ça déborde parfois. Au point que les rêves continuent à m'y faire vivre.

Si je ne parle pas de moi. C'est parce que je fusionne avec le travail en ce moment. Je m'englue dans toutes ces répétitions. Mais je n'ai pas la force de m'en dégager. Vivre comme les adultes n'est pas ce qui est le plus simple. Vraiment pas. Mais il faut bien continuer à faire comme si. Je regrette les vacances scolaires. Déjà. Et lorsqu'enfin je rentre enfin. Je n'ai pas le goût ni l'envie de replonger dans ces heures-là. Dans dix minutes, je serais repartie. Et en rentrant, je ne ferais qu'un pas vers Morphée.

En attendant, il y a cette dédicace. Alors, allons-y.
J'estomperais les erreurs du bout des doigts.

Souffler une douceur