Ne t'inquiète pas pour moi
. Post-it. Frigo. Et les larmes qui montent aux yeux. Qui se glissent dans le congélateur et qui gèlent. Fort. Encore un livre qui s'achève. Aldebert dans la voiture. A petit feu. Et je réalise. Au coin d'un virage que mes grands-parents ont tous les deux plus de 80 ans. Et je m'en veux de ne pas les voir si souvent. Alors qu'ils sont tout près. Mais je me suis promis de rester au-dehors de ces querelles de famille. Et que le temps qui passe devient le temps qui reste. Je voudrais être une petit vieille toute ridée à cet âge-là. Je voudrais ressembler à cette cliente que j'ai. Elle me fait sourire lorsque je la vois. Mais zut. Ils ont plus de 80 ans. Et ils sont encore tous les deux. Je m'interroge sur le fait d'être encore amoureux à cet âge. Et pourtant. Ce monsieur qui vient chercher le Monde toujours trop tôt. Et sa femme qui s'arrête exprès un peu plus tard pour l'avoir. Cà ramollit encore un peu le coeur. Le champ de colza qui s'élève vite. Bientôt, je ne verrais plus les voitures arriver en face. Je vais devoir décélérer. Mais j'aime rouler vite sur ces routes de campagne. Cà me grise et ça m'éloigne. Tu verrais comme c'est joli tout ce jaune qui s'étend. Aussi loin que le soleil. Mais. Je n'aime pas l'odeur du colza. Et c'est un léger problème. J'ai le soleil dans les yeux. A l'aller et au retour. Entretemps, dix heures se sont passées. A l'abri de rien. Ni du temps, ni des autres. Surtout pas des autres. A l'abri de rien. Même pas de moi. Je voudrais retrouver du temps dans mes poches. Et des mots aussi. Mais ceux-là, s'ils ne pouvait ne pas être les miens, alors. Alors.

Souffler une douceur