J'étais la première à fouler ces tribunes. A m'installer parmi ces milliers de places vides. Le soleil était dans mon dos et le temps s'offrait à moi. J'ai sorti mon bouquin et ai décollé pour Venise. Dans les allées de Versa*lles, le soleil déclinait. Et juste, c'était d'une douceur incroyable. J'étais sereine à cet instant. Rien ne pouvait m'atteindre. Surtout pas cette unique place dans ma main.

 

Et la rumeur a enflé. Les rangées autour de moi étaient toujours aussi vides. Il y a eu les premières notes de musique. Ce chapeau noir et cette plume blanche. J'ai cligné des yeux en regardant le coucher de soleil sur la façade des immeubles. J'ai cligné des yeux parce que. Il y a un an que je l'avais vu ou presque et qu'il y a cette chanson qui me retourne le ventre à chaque fois. Autour de moi, les gens n'existaient plus. Ce fût une merveille surprise pour moi. Ils sont partis beaucoup trop tôt. Je voulais encore et encore des chansons.

 

Et enfin, à un moment donné, inspirer et bloquer sa respiration. Me pincer fort. J'y suis. Et le reste est simplement indescriptible. Comme un truc que j'attendais depuis longtemps. Sept années. J'en tremblais tellement j'avais peur et envie à la fois.

 

J'ai décollé de mon siège aux premiers accords. Tant pis pour les gens derrière. On ne reste pas assis à un concert de M. J'ai dû hurler, chanter, taper des mains et des pieds. J'ai dû faire tout ça sans me préoccuper de mes voisins et voisines. J'ai eu des pensées. Mais avant toute autre chose, j'en ai pris plein les yeux, les oreilles. J'étais au milieu d'inconnus. De milliers d'inconnus. Et pour la première fois peut-être, je n'y ai pas fait attention. A aucun moment, je ne me suis sentie seule.

Une danse en transe, une transcendance
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Souffler une douceur